Des chercheurs de l'Université libre de Bruxelles (ULB) ont découvert une cause de la résistance aux traitements contre le carcinome basocellulaire, cancer humain le plus fréquent, et aux rechutes de la maladie. Les résultats de leur recherche ont été publiés lundi dans la revue scientifique Nature.
Le carcinome basocellulaire, un type de cancer de la peau, touche plusieurs millions de nouveaux patients chaque année dans le monde. Pour le traiter, le Vismodegib est un médicament fréquemment utilisé. Son administration permet une régression de la tumeur mais bien souvent, les patients sont victimes d'une récidive de la maladie après l'arrêt du traitement.
Dans leur étude, Adriana Sanchez-Danés, du laboratoire Cellules souches et cancer de l'ULB et ses collègues identifient, en collaboration avec une équipe espagnole, les mécanismes par lesquels le traitement réduit la tumeur mais provoque une rechute par la suite.
Ainsi, le Vismodegib induit une différenciation des cellules tumorales, ce qui signifie qu'elles ne sont plus capables de se diviser. Elles ne prolifèrent plus, ce qui conduit à leur élimination.
Toutefois, ce traitement «conduit à l'émergence d'une population de cellules tumorales dormantes, caractérisées par l'activation de la voie de signalisation Wnt», explique l'ULB. Une voie de signalisation est la manière par laquelle la cellule interprète les messages qu'elle reçoit des éléments qui l'entourent. La voie Wnt est connue pour être à l'origine de mutations qui provoquent des cancers. Les cellules tumorales en ont besoin pour survivre. Dès lors, activer cette voie provoque une rechute du cancer.
Une solution existe: un médicament permet d'inhiber cette voie. Comme elle n'est plus activée, la tumeur devient sensible au traitement.
Administrer ce médicament inhibiteur en plus du Vismodegib permettrait ainsi de faire régresser la tumeur et d'éviter les rechutes. «La prochaine étape serait de conduire une étude clinique utilisant ces deux médicaments chez les patients présentant des rechutes du carcinome basocellulaire», explique Cédric Blanpain, professeur à l'ULB et directeur de l'équipe de chercheurs. «La combinaison pourrait être testée à grande échelle sur des patients dans un avenir relativement proche», se réjouit-il.
L'étude a notamment été financée par le FNRS, le Télévie et une bourse de l'European Research Council.