"Laisser le psoriasis altérer la qualité de vie de quelqu'un est incompréhensible de nos jours", estime jeudi la dermatologue Françoise Guiot, soulignant que les thérapies ont énormément évolué ces dernières années. Elle recommande aux patients de retourner consulter un spécialiste. "Contrairement à ce que beaucoup de gens croient, une peau sans lésions est désormais possible", martèle-t-elle à l'occasion de la journée mondiale du psoriasis du 29 octobre.
Trois à cinq pour cent de la population européenne est atteinte de psoriasis, dont 300.000 personnes en Belgique. Ce chiffre est en outre probablement sous-évalué, de nombreux patients ayant honte de révéler qu'ils souffrent de cette maladie chronique qui affecte la peau et les organes.
"Il y a souvent une prédisposition génétique", explique le docteur Guiot. Des personnes de tout âge peuvent être concernées. "Ce n'est pas contagieux, mais ce n'est pas guérissable non plus.", poursuit la dermatologue.
De plus, le psoriasis n'est souvent que "la partie visible de l'iceberg", ajoute-t-elle. Il est souvent associé à d'autres pathologies, à des problèmes métaboliques, cardio-vasculaires, gastriques et à des risques de cancer.
Pour les malades, la douleur physique s'accompagne toujours d'une grande souffrance psychologique, d'une honte principalement induite par le regard des autres.
Selon une étude menée récemment, 84% des personnes atteintes disent ainsi avoir été discriminées ou humiliées à leur travail. Deux tiers d'entre elles ont développé des comportements visant à soulager leur calvaire, ce qui peut passer par de la méditation mais aussi par la consommation d'alcool ou de drogue.
"Aller à la piscine, à la plage, ou encore porter des vêtements sombres sont des choses très difficiles voire impossibles pour les malades", souligne le docteur Guiot.
Pourtant, les réponses thérapeutiques ont énormément évolué ces dernières années. "En moyenne, les patients suivent quatre traitements et voient trois médecins différents avant d'obtenir celui qui leur permettra d'obtenir une peau 'blanchie', sans lésion. L'étude indique que 60% des malades pensent que c'est impossible car ils sont découragés. Je les invite donc à retourner consulter un dermatologue. Le traitement peut rendre la maladie silencieuse, ce qui permet de reprendre une vie normale."
Afin de sensibiliser à ces avancées thérapeutiques, des associations de patients et des dermatologues ont lancé la campagne #PasDePso, à l'occasion de la journée mondiale du psoriasis. Plusieurs personnalités, comme Patrick Ridremont, ont participé à une expérience lors de laquelle ils se sont promenés en ville maquillés de plaques rouges afin de se mettre dans la peau d'un malade.