Philippe Mauclet
«I’ve learned that people will forget what you said and what you did, but they will never forget how you made them feel», Annette Bygum (Odense, Danemark).
Evidence-Based Medicine, puissance statistique, scores, calculateurs de risque… Il semble que nos soins de santé n’accordent désormais de l’importance qu’aux valeurs objectives, mesurables et quantifiables, sans s’encombrer de celles qui ne le sont pas, comme l’empathie. Et ce désintérêt fréquent des soignants pour l’humain n’est pas qu’une illusion: il est clairement documenté dans la littérature (1). L’empathie semble désormais considérée comme un critère (très) secondaire d’évaluation. Une évolution que les patients déplorent pourtant. Les résultats d’une étude ayant évalué les différents facteurs susceptibles d’influencer la satisfaction des patients sont éclairants à cet égard (2). Ils révèlent que l’empathie du médecin perçue par le patient est le facteur le plus déterminant en matière de satisfaction du patient: «I’ve learned that people will forget what you said and what you did, but they will never forget how you made them feel», commente Annette Bygum (Odense, Danemark).
Des voix s’élèvent donc aujourd’hui pour revaloriser l’empathie et y sensibiliser le corps médical, puisqu’elle a un effet bénéfique non seulement sur l’expérience du malade, mais également sur son évolution (3). Cette dynamique est nécessaire, particulièrement en dermatologie: à titre d’exemple, trois quarts des patients souffrant de psoriasis en phase aiguë présentent, à des degrés divers, un trouble de l’anxiété, alors que le pourcentage n’est que de 19% dans la population générale (4). Un exemple parmi d’autres plaidant en faveur d’une pratique holistique de la dermatologie, prenant en compte non seulement les lésions cutanées, mais également leurs conséquences sur le plan psychologique. L’existence de l’European Society for Dermatology and Psychiatry montre que certains en ont pris pleinement conscience.
- Neumann M et al. Academic Medicine 2011;86:996-1009
- Uhas AA et al. Patient 2008;1:91–6
- Lown BA et al. https://www.healthaffairs.org/doi/10.1377/hlthaff.2011.0539
- Matiushenko V et al. 28th EADV Congress, Madrid, Spain